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CXIII

FEMME HABILE ET SOT MARI.



Une femme intelligente avait épousé un mari imbécile. Un jour elle lui dit : « J’ai tissé du coton, prends-le et va le vendre quatre ligatures la pièce ; l’en offrit-on trois ligatures neuf lien cinquante-neuf sapèques[1], tu ne le donneras pas. » Le mari prit donc le coton et alla le crier partout, mais il ne trouvait preneur nulle part.

Enfin il rencontra un maître d’école qui lui en acheta deux pièces, mais comme il n’avait pas d’argent sur lui, il lui dit : « Venez demain chez moi prendre votre argent. Je demeure dans le marché où l’on ne vend pas, au lieu où soufflent les longues flûtes, où se trouvent des bambous à un seul nœud[2]. Venez là et je vous paierai aussitôt. » Le lendemain le niais passa toute sa journée à chercher le marché fréquenté où l’on ne vendait pas et ne le trouva pas. Il alla donc raconter sa déconvenue à sa femme, qui devina l’énigme contenue dans les paroles de l’acheteur, et lui expliqua que le marché fréquenté où l’on ne vendait pas est une école, que les longues flûtes sont des roseaux agités par le vent, les bambous à un seul nœud les oignons et que,

  1. C’est-à-dire une sapèque de moins.
  2. Toi ô chô cho dông khong ai bàn, chô kèn thôi so le, chô cây tre môt mât.