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CII

LES CINQ JUMEAUX[1].



Deux époux avaient une fille qu’ils avaient élevée dans leur maison et surveillée avec soin jusqu’à l’âge de quinze ans. Un jour ils la menèrent à la pagode ; elle alla se promener dans le jardin et, voyant une fleur ravissante, elle la cueillit et la mangea. À partir de ce moment elle se trouva enceinte. Ses parents ne surent comment cela avait pu se faire et essayèrent de lui faire avouer qui était son amant. Quoiqu’elle protestât de son innocence, ils la chassèrent et l’envoyèrent vivre à la pagode avec le bonze qui, croyaient-ils, l’avait déshonorée.

Quand elle fut arrivée à cette pagode un génie lui apparut et lui dit : « Quand lu mettras au monde ton enfant, ne lui donne pas de nom ; demande-lui quel est son nom, et il le répondra. » Le terme venu elle accoucha de cinq garçons. Elle leur demanda comment ils se nommaient, et ils répondirent, le premier : « Je suis Le Fort »[2] ; le second : « Je suis Corps d’airain, foie de fer »[3] ; le troisième : « Je suis Regarde-nuages, Écarte-poussière »[4] ; le quatrième ; « Je suis Le Sec »[5] ; le cinquième : « Je suis L’Humide »[6].

  1. Ce conte est une variante du numéro LXXV.
  2. Manh mé.
  3. Minh dong gan sâc.
  4. Xem mây cen tràn.
  5. Khô
  6. Uoc.