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faire cuire et de le lui servir. Celles-ci résistèrent d’abord, alléguant les ordres de leurs maîtres, mais elle les battit et elles furent forcées d’obéir.

Pendant ce temps les deux étudiants se sentirent pris de douleurs intérieures ; quand ils prenaient en main un pinceau il était aussitôt couvert de mouches. Ils demandèrent à leur maître la permission de retourner chez eux, car il devait s’y passer quelque chose d’extraordinaire.

À peine étaient-ils arrivés à la porte, que les servantes se précipitèrent vers eux et leur dirent que leur mère avait pris pour amant un capitaine chinois qui, en ce moment, dormait dans la maison et leur avait ordonné de lui servir le khâch, mais il n’était pas encore cuit et était dans la marmite.

Les deux frères n’osèrent rien dire à leur mère. Ils se firent porter le khàch, le mangèrent, prirent de l’argent et de l’or et donnèrent trois mille ligatures, aux servantes, en leur disant de se retirer ailleurs. Quant à eux, ils allèrent dans la montagne. Là ils se mirent à se chercher les poux et s’endormirent.

Deux génies qui les virent ainsi, et qui les savaient prédestinés à être rois, les transportèrent l’un dans le royaume de Sô, l’autre dans le royaume de Tê. Bientôt après la guerre éclata dans tout l’empire, mais les deux frères vainquirent tous leurs adversaires et se trouvèrent chacun maître d’un royaume. Ils eurent alors une entrevue où il se reconnurent.