Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/242

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quinze jours après, vers la troisième veille, Tuyèn entendit quelqu’un qui l’appelait du dehors et lui disait : Rapporte le kiéu à mon temple et rends-le moi. Si tu ne le fais pas, dans dix jours je te tue. Le matin venu Tuyèn avait déjà la fièvre et souffrait de la tête. Sa famille était épouvantée et voulait rapporter l’oiseau mais il dit : « Ce génie n’a pas le droit de changer mes destinées à cause de cet oiseau. »

Trois jours après, au milieu de la nuit, on vit venir devant la porte un homme vêtu d’un habit rouge et portant un sabre à la main, qui répéta l’avertissement. Tuyèn ne voulut pas davantage céder. Sa maladie s’aggrava. Quand il fut sur le point de mourir il appela son fils et lui dit : « Quand je serai mort brùle avec moi cent feuilles de papier et ce qu’il faut de pinceaux et d’encre[1]. Quand je serai aux enfers je porterai plainte contre ce génie. Quant au kiéu suspends-le près de ma tablette. Si tu ne m’obéis pas je reviendrai te tourmenter. » Les dix jours expirés il mourut.



  1. Nous avons déjà vu, n° XXXV (Excursions et Reconnaissances, IX, p. 393) une plainte de ce genre portée par un mort contre le génie qui l’avait fait périr.