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peut rien trouver de plus grand et, de plus beau que le ciel. » — « Hom ! hom ! dit le xâ[1], le ciel est-il si grand que cela ? » Le huong chu se mit en colère et dit : « Vous dites que le ciel n’est pas grand ? Qu’y a-t-il de plus grand que lui ? Dites-le pour voir. »

Le xâ répondit : « Je demande à l’appeler Vàn. » — « Qu’est-ce que ce Vàn[2], dit le huong chu pour être plus grand que le ciel ? Le xà répondit : « Vàn c’est le nuage, et il a été dit : « Les nuages couvrent le ciel. » Comment peut-on dire que le ciel soit le plus grand ? » — « Bien ! bien ! dit le huong chù. Qu’on l’appelle Vàn. »

Le phô thon[3] dit : « Le mot de Vàn n’est pas le meilleur. » Le xa truong s’emporta et dit : « S’il y a quelque chose de plus grand que le nuage, dites-le. » — « Je demande, répondit le phô thon que l’on donne à la fille le nom de Phong. » — « Qu’est ce que Phong, dit l’autre, pour être supérieur au nuage ? » — « Phong, répondit le phô thon, c’est le vent ; le vent chasse le nuage : il est donc plus que lui. » Le xà truong fut convaincu et dit : « Bien ! qu’on l’appelle Phong. »

Le chu dinh[4] dit : « Phong n’est pas encore le meilleur nom. » — « Si vous connaissez quelque chose de plus fort que le vent, dit le phô thon, dites-le. » — « Je demande, dit le chu dinh, qu’on donne à la fille le nom de Bich. Bich est le mur, et le mur arrête le vent. » Le pho thon accorda que l’on devait lui donner le nom de Bich.

  1. Ordinairement xâ truong ; c’est le notable chargé de l’exécutif et auquel nous donnons, en Basse-Cochinchine, assez improprement le titre de maire.
  2. (Tous ces noms proposés sont des mots chinois et non des mots annamites. Aussi le hurong chù demande-t-il l’explication du mot en langue vulgaire, comme il a donné du reste précédemment l’explication du sien.
  3. Adjoint au xâ truong.
  4. Notable chargé de la surveillance de la pagode du village.