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Quelque temps après, un étudiant qui avait perdu son chemin entra dans cette maison pour demander l’hospitalité. Cet étudiant avait tout l’aspect du démon ; aussi le maître de la maison ne voulait-il pas le recevoir. L’autre lui dit : « Je suis un homme. N’ayez aucune crainte de moi. » Le vieillard lui dit : « Non ! Vous m’avez tué, puis ressuscité, je ne veux pas vous accueillir. » L’étudiant lui répondit : « Je suis véritablement un étudiant. Si vous avez quelque affaire, je suis prêt à venir à votre aide. » Le vieillard lui conta son histoire et le mena à la chambre de sa fille.

Des trois chiens démons qui hantaient le verrou de la porte, le noir était couché en travers de la porte et veillait ; le blanc avait pris une forme humaine, revêtu de beaux habits, et était dans la chambre avec la jeune fille. À l’approche de l’étudiant, le chien noir avertit le chien blanc et lui dit : « Voici un maître[1], sauvons-nous. » Ils s’enfuirent, mais l’étudiant coupa d’un coup de couteau la jambe de l’un d’eux et la montra au vieillard.

Le vieillard fut rempli de joie ; il voulait récompenser richement l’étudiant, mais celui-ci refusa tout, ne demandant pour son salaire que le verrou de la porte. On le lui donna. Il l’enferma dans sa ceinture et partit.

Au bout de quelque temps les démons le prièrent de les délivrer de cette prison où ils étouffaient, lui promettant de lui donner un soleil, une lune et un cheval. L’étudiant y consentit ; il leur abandonna le verrou, et eux lui donnèrent ce qu’ils lui avaient promis.

Le cheval se transportait partout avec la rapidité de la pensée. L’étudiant alla passer son examen et aussitôt se fit transporter auprès de sa femme qui fut toute joyeuse de le revoir. Seulement

  1. Quoi nhon : homme précieux, qui a beaucoup de mérites accumulés, dont la destinée est grande.