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ram ha rac ! dit un con khi dôc[1], enterrons-le dans le trou de l’or et non dans la fosse de l’argent. » Les singes obéirent et portèrent l’homme au trou de l’or. Il attendit qu’ils fussent tous partis et se chargea d’or.

Il devint ainsi très riche et, quand vint l’anniversaire de la mort de ses parents, invita au festin son frère et ses voisins. Son frère lui demanda tout bas d’où lui venait une pareille fortune, et il lui dit la vérité.

Le frère aîné alla bien vite dans la forêt pour couper du bois et imita les actions de son cadet. Il vit aussi arriver la troupe de singes qui se conduisit avec lui comme avec son frère, mais quand ils dirent : Hà ram hà rac ! enterrons-le dans le trou de l’argent et non dans la fosse de l’or, il eut peur qu’on ne le portât au mauvais endroit et leur cria de ne pas le porter au trou de l’argent. Les singes furent effrayés, ils le lâchèrent et s’enfuirent. L’avaricieux tomba sur des rochers et se cassa la tête.


II


Un homme avait deux fils qui, une fois qu’ils furent d’âge, se marièrent. Peu après, leur père mourut. À peine était-il enterré, que l’aîné s’empara de tout ce qui avait une valeur, ne laissant à son frère que deux chiens et un morceau de mauvaise rizière[2].

Le frère cadet et sa femme avaient des sentiments élevés, ils ne disputèrent à l’aîné la possession d’aucun des biens de la famille et partirent avec leurs chiens pour cultiver la rizière. N’ayant pas de buffle, le frère cadet attela les chiens à la charrue et se mit à labourer.

  1. Con dôc. Espèce de grand singe.
  2. Son dién. Rizière de montagne, située dans des lieux élevés.