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du secours. Celui-ci avait un jardin planté depuis trente ans, dont tous les arbres étaient grands et beaux, mais ne produisaient pas de fruits. Il pourvut le pauvre de ce qui lui était nécessaire, et le chargea de demander l’explication de ce phénomène.

Le pauvre reprit sa route et arriva enfin sur le bord de la mer. Il n’avait aucun moyen de passer dans l’île, et restait sur le rivage à se plaindre. Un ba ba[1] sortit de l’eau et lui demanda : « Où voulez-vous aller ? » Le voyageur lui raconta son histoire et lui fit connaître l’embarras où il se trouvait. Le ba ba lui dit : « Je vais vais passer dans l’île, mais vous demanderez pour moi une explication. Voilà mille ans que je fais pénitence, et je reste toujours ce que je suis sans changer d’être. » Le pauvre consentit à ce qui lui était demandé ; il monta sur le dos du ba ba et celui-ci le porta dans l’île.

Le pauvre se prosterna devant l’Empereur céleste et lui dit : « Je suis arrivé ici grâce à un ba ba qui m’a porté et sans lequel je n’aurais pu parvenir jusqu’à vous. Il m’a chargé de vous demander pourquoi, après mille ans de pénitence, il ne changeait pas d’être et restait toujours un ba ba. » L’Empereur céleste répondit : « Ce ba ba a une pierre précieuse, tant qu’il ne la donnera pas à un autre il ne changera pas d’être et restera un ba ba. »

Le pauvre dit ensuite à l’Empereur céleste : « Il y a un homme riche qui a fait de bonnes œuvres, comment se fait-il qu’il n’ait pas de fils, et que sa fille soit muette depuis sa naissance. » L’Empereur lui répondit : « La destinée de cette fille est d’épouser un trang nguyén ; quand elle verra le visage de celui qui doit être son mari elle recouvrera la parole. »

Notre homme s’informa ensuite de la cause qui stérilisait les arbres du jardin de l’autre homme riche. L’Empereur lui dit :

  1. Espèce de tortue de mer.