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LIII

L’ORIGINE DU MARSOUIN.



I

Il y avait un pauvre ménage qui avait deux enfants, un garçon et une fille ; la fille était en gage, le garçon demeurait avec ses parents. Vint la guerre et ils furent dispersés.

Un jour, la jeune fille allait puiser de l’eau quand elle rencontra son frère. Ils ne se reconnurent pas. Le frère voulut lui conter fleurette. « L’eau de cette cruche est bien belle » lui dit-il. — « Oui, mais elle n’est pas pour toi », lui répondit la fille.

Le garçon fut vexé de cette réponse, il alla trouver ses parents et les amena à aller demander cette fille à son maître pour la lui donner en mariage. Quand le mariage eut été accompli, un jour que les nouveaux mariés se cherchaient leurs poux, le mari vit sur la tête de sa femme une cicatrice et lui demanda ce que c’était ; elle lui répondit qu’étant enfant, en jouant avec son frère, celurci avait jeté une pierre qui l’avait lilessée à la tête. À ce signe, le mari reconnut qu’il avait épousé sa sœur.

Il fut tout honteux, mais il cacha avec soin ce fait à tout le monde, et dit à ses parents : « Nous sommes riches, équipez-moi un bateau pour que j’aille faire du commerce. » Il partit donc avec son bateau et jeta l’ancre devant la maison d’un ménage de tricheurs[1]. Ceux-ci l’invitèrent à venir s’amuser chez eux et pendant la nuit envoyèrent leur servante porter dans le bateau une tortue d’or.

  1. Hai co chông con me lwong. Lwong désigne un escroc, un faiseur de dupes.