Page:Landes - Contes et légendes annamites, 1886.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grin. Maintenant il vous faut retourner sur la terre. » Le mari se mit à gémir et ne voulait pas quitter la fée. Elle lui dit alors : « Descendez le premier ; dans quelque temps je demanderai au Bouddha la permission de retourner vivre avec vous ; aujourd’hui je n’oserais pas, car il y a trop peu de temps que je suis revenue. »

Le mari consentit à s’en retourner. La fée ordonna à ses servantes de le faire asseoir avec son fils sur un tambour que l’on descendrait avec une corde. Elle leur donna du riz pour faire manger l’enfant, et dit au mari lorsqu’il serait arrivé à terre de frapper deux coups sur le tambour pour que les servantes coupassent la corde.

Ils se séparèrent en pleurant, et les servantes se mirent à faire filer la corde. Seulement, comme le tambour était descendu à mi-hauteur, voici qu’il passa un vol de corbeaux qui virent le petit garçon manger du riz, et se mirent à picorer celui qu’il avait laissé tomber sur le tambour. Le tambour résonna ; les servantes, qui les crurent arrivés à terre, coupèrent la corde, et le père et le fils furent précipités dans la mer où ils périrent.

Les corbeaux, à cette vue, s’envolèrent avec des cris. Phàt bà les entendit ; elle fit comparaître les fées et apprit quelle était celle qui avait causé la mort de cet homme. Pour la punir, elle la transforma en l’étoile du matin, le père et l’enfant devinrent l’étoile du soir. Les servantes durent chaque année, le quinzième jour du septième mois, faire un sacrifice funéraire. Le même jour les corbeaux forment un pont pour permettre aux deux époux et à leur fils de se réunir. C’est pourquoi ils ont la tête pelée[1].

  1. D’après les Chinois le seigneur du Ciel maria la tisseuse, Chùc nù, au gardien de buffles, Kiènq nguu, mais la tisseuse après son mariage négligea son travail ; le seigneur du Ciel alors les sépara et ils ne se réunissent que le septième jour du septième mois où les corbeaux leur font un pont par-dessus la voie lactée. (Au hoc, Quyen I, p. 7, section Thiên van : p. 31, section