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Celui-ci amena sa femme dans sa maison. Il avait planté un da[1] et il ordonna à sa femme de ne jamais manquer de l’arroser lorsqu’il irait au dehors. Un jour qu’il était absent, des individus jaloux des cures merveilleuses qu’il opérait, se dirent : « Tuons sa femme, nous verrons bien s’il la ressuscitera. » Quand le maître de la maison revint il trouva sa femme morte et la ressuscita sans peine. Les envieux furent étonnés de ce prodige, mais, pour mettre sa puissance à une nouvelle épreuve, ils tuèrent de nouveau la femme, lui ouvrirent le corps et lui enlevèrent les viscères qu’ils allèrent jeter au loin. Quand le mari revint il trouva sa femme morte et ne savait comment faire pour remplacer les viscères qu’on lui avait enlevés.

Il appela son chien et lui dit : « Je t’ai nourri comme un père, je t’ai sauvé et ressuscité ; maintenant les viscères de ma femme ont disparu et je ne sais comment les remplacer. Couche-toi, que je t’ouvre le ventre pour prendre les tiens. » Le chien obéit à son maître et celui-ci prît les viscères du chien pour en faire ceux de la femme. Il alla ensuite cueillir des feuilles de son da et les cracha sur la femme qui ressuscita. Il fit pour le chien des viscères d’argile et le ressuscita aussi. C’est pour cela que la femme a les instincts du chien[2] et que le chien sent retentir en lui le moindre bruit qui se fait sur la terre.

Un jour le mari s’absenta en recommandant à sa femme d’arroser son arbre. La femme oublia de le faire, mais voyant son mari arriver, elle s’en souvint tout à coup, et courut s’accroupir au pied de l’arbre pour humecter la terre. L’arbre à ce contact impur s’envola. Le mari courut et essaya de donner un coup de hache à l’arbre (pour en couper quelque branche qu’il aurait pu replanter), mais la hache se fixa dans le tronc et

  1. C’est le figuier sacré.
  2. Lông mông da chô.