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XXXIX

HISTOIRE DE TRAN VAN THAC.



Il y avait un certain Trân van thac dont les parents étaient morts, et qui était réduit à une extrême pauvreté et à la condition de porteur de poisson. Un devin, voyant à l’inspection de ses traits qu’ils annonçaient une autre fortune, lui demanda s’il avait encore ses parents ; il répondit qu’ils étaient morts ; le devin lui demanda alors où ils étaient enterrés, et découvrit que c’était à la mauvaise situation de leur tombeau qu’était due la misère de Trân van thac ; il lui indiqua donc un lieu plus favorable dont l’occupation devait le conduire à la fortune dans un délai de trois ans.

Dans une famille riche on avait élevé un jeune garçon dans la pensée de le marier plus tard à la fille de la maison, seulement on leur avait laissé ignorer ce projet. Quand les deux jeunes gens furent devenus grands ils s’aimèrent et, craignant que leur liaison ne fut découverte, résolurent de s’enfuir. Ils convinrent que trois jours après le garçon viendrait pendant la nuit frapper à la porte de la fille et qu’ils partiraient ensemble. Mais il tomba malade et ne put venir au rendez-vous. La fille cependant avait pris une cassette d’argent et attendait inutilement que son amant vint la chercher.

Cette nuit là Trân van thac se réveilla vers la cinquième veille et se mit à transporter son poisson. Le temps était très froid, de sorte qu’il tremblait et, de son fléau (à porter les paniers) il heurta la porte de la jeune fille. Celle-ci crut que c’était le signal attendu, elle descendit donc et donna sa cassette à Trân van thac. Celui-ci, de son côté, crut qu’elle l’engageait pour porter ce paquet et se mit en marche. Ce ne fut qu’au bout