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ses fautes se sont allégées et la cangue s’est rapetissée. S’il avait distribué tous ses biens elle aurait disparu.

Le thù Huon revint de nouveau sur la terre, fit encore une fois une grande cérémonie, puis établit sa demeure sur un radeau de bambous au point que l’on appelle encore aujourd’hui Nhà bè, maison du radeau, à la jonction du Dong nai et de la rivière de Saigon. Là il distribua de l’argent, du riz, des vivres et des marmites jusqu’à ce que tous ses biens furent dépensés. Il bâtit aussi à Bien hôa une pagode que de son nom l’on appelle le pagode du thù Huôn.

Il vit alors en rêve un personnage qui lui dit que grâce à son amour pour l’aumône, non seulement ses fautes avaient été effacées, mais que dans une existence future il jouirait d’un grand bonheur. De ce rêve je ne sais ce qui en est, toujours est-il que, plus tard, du temps de l’empereur Bao quang[1], il fut envoyé à la cour d’Annam une lettre demandant s’il y avait eu au pays de Gia dinh un individu nommé le thù Huôn. Le roi d’Annam répondit que oui et s’enquit des motifs de cette demande. On lui répondit qu’à sa naissance, l’empereur Dao quang portait inscrits en lettres rouges sur la paume de la main les mots suivants : Le thû Huôn de Gia dinh, dans le royaume de l’extrême sud. L’on sut ainsi que le thù Huôn s’était incarné dans la personne de l’empereur Dao quang et celui-ci fit don à la pagode du thù Huôn à Bièn hoa de trois statues du Bouddha en or.



  1. Empereur chinois, 1821-1851.