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cesseurs de Nouschirvan conservèrent précieusement cet ouvrage jusqu’à la destruction du royaume de Perse par les Arabes, sous le règne de Yezdedjerd, en 652. Environ cent ans plus tard, au viiie siècle, Almansour, second khalife abbasside, en trouva un exemplaire qui avait échappé à la destruction presque complète des monuments de la littérature persane, lors de la conquête. Un Persan converti à l’islamisme, nommé Rouzbeh, mais plus connu sous le nom d’Abdallah ibn-Almokaffa, fut chargé par le khalife de traduire ce livre en arabe. L’exemplaire de la version pehlvie dont Abdallah s’était servi s’est perdu, et l’on ignore si le traducteur en a suivi fidèlement le texte[1].

C’est dans la version arabe, intitulée Livre de Kalila et Dimna, qu’apparaît pour la première fois le nom de Bidpaï, devenu plus tard si célèbre. La préface d’Ali fils d’Alschah Farési, où est racontée la légende de ce personnage et du roi Dabschelim, est relativement moderne, puisqu’on ne la retrouve dans aucune des traductions faites d’après la version d’Abdallah. Quant à la présence des noms de Bidpaï et de Dabschelim dans plusieurs chapitres de l’ouvrage, elle ne nous donne non plus aucun renseignement certain sur l’auteur ni sur l’origine du livre, car tous les essais tentés jusqu’ici pour ramener ces noms à une forme sanscrite n’ont abouti qu’à des conjectures plus ou moins ingénieuses.

  1. De Sacy, Mémoire historique sur le livre intitulé Calila et Dimna, en tête de son édition de cet ouvrage, p. 8-30. — Loiseleur Deslongchamps, Essai sur les fables indiennes et sur leur introduction en Europe, p. 8-12.