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qu’à édifier, il fit des dessins pour les fabricants de meubles et les tapissiers, et introduisit ainsi dans l’ameublement et la décoration intérieure des habitations les formes antiques, dont le goût persista jusqu’à la fin de l’Empire[1]. Il composa vers la

  1. L’influence de Percier sur le goût public au commencement de notre siècle fut immense. L’illustre artiste fit école, non-seulement en France, mais dans toute l’Europe. L’art charmant de l’époque Louis XVI, arrivé à son déclin au moment de la Révolution, disparut avec le malheureux prince dont il avait pris le nom. Percier, imbu des idées nouelles et frais émoulu de l’École de Rome, était tout préparé pour interpréter les sentiments de la société républicaine, et ce rôle, il sut le remplir avec bonheur. Alors qu’on voulait tout oublier de l’ancien régime, aucun autre art ne pouvait mieux s’adapter au nouvel état de choses que celui de l’antiquité romaine ; de là le succès des productions de Percier. Toutefois, bien que voué par principe à l’art antique, Percier ne se montra jamais exclusif dans son admiration, il n’était pas de ceux qui croient le beau cantonné dans une époque ou dans un style et qui prétendent que, hors de telle ou telle église, il n’est point de salut. On a trouvé dans ses cartons bien des dessins exécutés d’après des monuments du moyen âge, et j’ai là sous les yeux la preuve qu’il savait, à l’occasion, rendre justice aux artistes de la Renaissance. Cette preuve, c’est une lettre adressée à son confrère Hurtault, après une visite faite au château d’Écouen ; voici cette lettre : « Mon cher camarade, j’arrive d’Écouan. Depuis longtemps j’avais projeté ce petit voyage ; l’ami Bernier m’en avait parlé comme d’une chose charmante, mais ce que j’ai vu a surpassé l’idee que je m’en étais faitte. Il porte cependant [l’édifice] le cachet des erreurs de ces tems-là, c’est-à-dire une architecture sans uniformité ; mais, mon ami, en revanche, quels détails ! Non, sans aucune espèce d’enthousiasme, je n’en ai jamais vu parmi les modernes de mieux faits ; ils pourraient figurer à côté des beaux antiques. Le court espace de temps que j’y ai resté me laissa à peine voir et croquer bien lestement; mais en laissant tant de chefs-d’œuvre, je pris la ferme résolution d’y retourner la semaine prochaine, et pour que mon travail puisse être fait sans inquiétude, j’ai été trouver le citoyen David, et l’ai prié de me faire donner une autorisation du comité