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l’Abbaye ; cet édifice, commencé en 1239 et termine en 1344, subsistait encore en 1794. En 1245 saint Louis, voulant construire à côté de son palais une église où il put déposer pieusement les nombreuses reliques qu’il avait rapportées de la Croisade ou rachetées des Vénitiens, chargea Pierre de Montreuil d’en diriger la construction. On sait que l’artiste éleva, pour ainsi dire, deux églises superposées : l’une, dédiée à la Sainte Couronne d’épines et à la Sainte Croix, est établie au niveau des planchers du palais ; l’autre, celle basse, réservée à la piété des fidèles. Cet édifice, connu sous le nom de Sainte-Chapelle du Palais, fut terminé en 1248. À cette époque Hugues d’Issy, abbé de Saint-Germain-des-Prés, fit élever par le même artiste, dans l’enclos de son abbaye, une église

    les deux épitaphes comparées l’une à l’autre. En effet, comment pourrait-on raisonnablement traduire le mot Musterolo de l’inscription latine par Montereau, quand l’inscription en français donne elle-même cette traduction, c’est-à-dire le mot Montereul ? Ce raisonnement est si simple qu’il y a lieu de s’étonner qu’il n’ait pas été jusqu’ici décisif ; je n’y ajouterai rien. Quant à savoir de quel Montreuil il s’agit, c’est une autre affaire, mais là n’est pas la question. Il y a d’ailleurs tant de Montreuil en France, que la recherche du lieu de naissance de l’architecte de saint Louis serait aujourd’hui très-difficile, sinon tout à fait impossible à faire avec succès. Contentons-nous de savoir le vrai nom de ce grand artiste et appelons-le dorénavant Pierre de Montreuil. — Avant de finir, je dois faire observer que le mot Musterolo de l’inscription latine a dû être mal lu par D. Bouillard ; jamais Mus n’aurait donné Mons. Dans l’origine de cette inscription, la lettre u était certainement tildée ; si l’historien de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés n’a pas vu le tilde, c’est que ce signe d’abréviation, oblitéré par le temps, était devenu méconnaissable ou avait tout à fait disparu, car il a dû exister, puisqu’il était absolument necessaire. Ce n’est donc pas Musterolo qu’il faut lire, mais Müsterolo, c’est-à-dire Mu[n]sterolo. Cette remarque si juste et si fine, et que n’a su faire aucun de ceux qui ont lu ou reproduit l’épitaphe de P. de Montreuil, est due à la sagacité de mon ami A. de Montaiglon.