Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
DES ARCHITECTES FRANÇAIS.

abattue sur la tour occidentale de la Calende, et ses débris enflammés, propageant l’incendie sur d’autres points du monument, avaient mis le feu aux combles du chœur et du transept, lesquels s’étaient écroulés avec un tiers de celui de la nef. Une grande partie des voûtes se trouvait par conséquent à découvert. Après avoir pourvu ces voûtes d’un abri provisoire, il fit en grande hâte rétablir les parties de la toiture que le feu avait détruites, il reconstruisit la voûte du transept sud, restaura la balustrade et la corniche du même côté, et s’occupa ensuite de la nouvelle flèche, qu’il eut la malheureuse idée de construire en fonte de fer[1].

  1. On connaît l’histoire des flèches successives de la cathédrale de Rouen. En 1055, selon Dom Pommeraye, saint Maurèle, à son avènement à l’épiscopat, fit élever sur l’église bâtie dans le siècle précédent une pyramide de pierre que la foudre renversa soixante ans plus tard. Au XIIIe siècle, une autre flèche s’élève, et le tonnerre encore vient en 1514 la détruire. En 1542, le cardinal Georges d’Amboise fait construire par Robert Becquet une troisième flèche en charpente, et en 1822 le même fléau dévore l’œuvre du XVI. Ces réédifications et destructions successives agirent sans doute sur l’esprit d’Alavoine ; il est probable que l’histoire de ces ruines violentes et la volonté d’en braver la cause terrible le préoccupèrent lorsqu’il s’agit pour lui de se mettre à l’œuvre. C’est d’ailleurs ce qui ressort de quelques phrases de son rapport au préfet de la Seine-Inférieure : « La flèche de la cathédrale de Rouen, dit-il, construite d’abord en pierre, fut renversée par la foudre ; rétablie en bois à deux époques différentes, elle devient deux fois la proie des flammes. Ainsi, reconstruire cette flèche en bois, ce serait faire les préparatifs d’un nouvel incendie… ; quant à la construction en pierre, elle est souvent rompue par des lézardes que produisent de légers tassements dans les murs qui portent les flèches… Nous pensons donc, dans cette circonstance, qu’il faudrait abandonner la construction en bois et celle en pierre, pour exécuter la totalité de la flèche en fonte de fer. Par ce moyen on obtiendrait une homogénéité parfaite entre toutes les parties ; on aurait des moyens de joindre plus fortement entre elles