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des Beaux-Arts, de 1811 à 1819, et partit ensuite pour l’Italie. Nommé en 1825 professeur de construction à l’École des Beaux-Arts, il occupa cette chaire jusqu’en 1863. Attaché en 1831 à l’agence des travaux des Greniers de réserve de Paris, lesquels avaient été commencés en 1807 et successivement dirigés par Delannoy, Caristie et Gourlier, c’est lui qui termina cet édifice, en 1848. En qualité d’architecte de la ville de Paris pour la section des Abattoirs, de l’Entrepôt des vins, des barrières et du cimetière du Père-Lachaise, il a fait exécuter pour ces établissements de nombreux travaux, notamment la restauration et l’achèvement des deux colonnes de la barrière du Trône. Il a publié, depuis 1831, divers mémoires sur des questions se rattachant à l’architecture : 1o « Examen des différentes pierres provenant des vallées avoisinant le canal de l’Ourcq. » — 2o (en collaboration avec Alex. Miché) « L’Architecture pratique nouvelle ; ou Bullet. rectifié et entièrement refondu. » Décoré de la Légion d’honneur en 1850, Jay mourut à Paris le 7 décembre 1871[1].

  1. Si Jay n’a pas été un artiste brillant, on peut dire, sans crainte d’être démenti, qu’il a été un homme utile. Durant quarante ans qu’il a occupé sa chaire à l’École des Beaux-Arts, que de générations d’architectes sont passées devant son tableau noir ! Étranger aux X et aux formules qui conviennent aux ingénieurs, mais auxquels mordent peu les artistes, hommes de sentiment, son enseignement était avant tout pratique, c’est-à-dire excellent. Jay avait pour ses élèves des sentiments pour ainsi dire paternels, aussi l’aimait-on plus qu’on ne le craignait. Il appartenait, comme Lavit, le professeur de mathématiques, son collègue d’il y a trente ans, à cette bonne pâte de professeurs, passés de mode, qui ne recherchaient pas des fonctions publiques seulement pour manger au budget, mais pour en accomplir les devoirs avec conscience, avec dénouement. Ceux d’aujourd hui exposent de plus savantes théories sans doute, et font de plus belles phrases, mais leurs leçons en sont-elles meilleures ?