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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.

juin, lors de la pose de la première pierre de la fontaine de Grève, à Paris, il fut averti, en sa qualité de maître des œuvres de la ville, de « tenir les martereaux prêts » pour cette cérémonie. Le 24 mai 1625, le prévôt des marchands et les échevins s’etant rendus au collège de Navarre pour une semblable opération, Guillain présenta au prévôt des marchands « une truelle d’argent avec du mortier, lequel sieur prevost a maçonné sur l’assise de la dite première pierre, et après, tour à tour, les dits sieurs eschevins et greilier en ont fait autant ». Le 1er août 1628 il figura également à la pose de la première

    inchoatam. et effectam. marinus. de. la. Vallée. architectus. Parisin. suscepit. an. 1606. et. ad. vltimam. vsque. periodum. fœliciter. perdvxit. an. sal. 1628. » (Marin de la Vallée, architecte parisien, a entrepris, l’année 1606, ce grand édifice resté longtemps inachevé et imparfait, et l’a heureusement terminé l’an du salut 1628) Cette inscription est un mensonge adressé à la postérité par l’intrigant entrepreneur des travaux, Marin de la Vallée. Les vrais architectes de cette partie de notre Hôtel de ville sont les Guillain (Pierre II et Augustin) ; Marin n’en fut que le maçon, mais ce maçon était riche, tandis que les architectes qui le commandaient étaient pauvres sans doute, de là la prééminence qu’il put effrontément s’arroger. Au surplus, si peu de gens, même de nos jours, savent distinguer un maçon d’un architecte, qu’il ne faudrait pas trop s’indigner contre le prévôt des marchands d’alors qui toléra, qui autorisa peut-être cet effacement complet du maître de l’œuvre au profit d’un négociant malhonnête. Car, chose incroyable, dès 1619 Marin de la allée avait été dénoncé à la justice comme n’ayant pas rempli fidèlement les obligations de son marché ; des malfaçons nombreuses étaient signalées tî cette époque dans ses travaux, et il fut condamné îi refaire les ouvrages juges défectueux par le maître des œuvres ! Et ce fournisseur indélicat qui, de l’aveu du corps municipal et aux yeux de celui même qu’il frustrait avec tant d’audace, put s’approprier publiquement et pompeusement la gloire modeste de l’artiste. Ô puissance de l’argent, tu es parfois bien méprisable ! — L’inscription ci-dessus rapportée a dû disparaître dans l’incendie allumé par la Commune.