Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
DICTIONNAIRE


fit un rapport tendant à ce que de nouvelles pièces de charpente tussent ajoutées à ce campanile. Pendant les huit années qui suivirent celle de la reprise des travaux, P. Guillain rit exécuter, de 1605 à 1607, les murs de face de la grande salle, « sur la place de Grève et sur la cour » ; les combles, le campanile et la couverture du bâtiment ; en 1608, les douze colonnes cannelées de la façade ; en 1610 il acheva le pavillon de gauche dit du Saint-Esprit[1] (Leroux de L., Hôt. de ville.)

  1. La tombe d’un P. Guillain existait, comme celle de son frère, à Saint-Gervais ; elle portait les deux inscriptions suivantes : « Pierre Guillain, fils dudit Guillaume, aussy maistre des œuvres de maçonnerie et pavement de ceste ville de Paris, qui décéda le… » ; et au-dessous : « Gillette de la Fontaine, femme dud. Pierre Guillain, qui décéda le 15e jour de février 1558, le … an de son aage et le commencement du vingtiesme de son mariage ». Mais évidemment, et quoi qu’on en ait pensé jusqu’ici, cette épitaphe n’est pas celle du P. Guillain dont les travaux sont exposés ci-dessus. Examinons. En 1558, le Pierre Guillain de l’épitaphe devint veuf de Gillette de la Fontaine, laquelle mourut au commencement de la vingtième année de son mariage. Pierre l’aurait donc épousée vers 1539 ; or, si on le suppose âgé de vingt ans seulement lorsqu’il se maria, il serait né en 1519. D’où il suit que si le Pierre qui dirigea les travaux de l’Hôtel de ville, de 1607 à 1613, était l’époux de Gillette de la Fontaine, il aurait eu quatre-vingt-huit ans lorsque les travaux furent repris, et quatre-vingt-quatorze ans lorsqu’il céda la place à son successeur. On comprend qu’il est impossible d’admettre qu’un vieillard ait pu être maintenu jusqu’à un si grand âge dans des fonctions qui exigent tant de vigilance et d’activité. D’où je conclus facilement que le Pierre Guillain de 1607 à 1613 n’est pas celui de l’épitaphe, mais qu’il doit être son fils. À la vérité, le nom du premier Pierre paraît avoir été ignoré de tous les historiens de notre Hôtel de ville, y compris Leroux de Liney, car il ne figure pas dans la chronologie des maîtres d’œuvres municipaux donnée par le docte et consciencieux auteur. Mais cette chronologie est-elle complète ? Il est permis d’en douter quand on considère que, pour le XVIe siècle, auquel appartiendrait le premier Pierre Guillain, on ne trouve entre Jacques