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Nîmes, alla s’établir en Lorraine, où le roi Stanislas le nomma son second architecte. On lui doit la statue de Louis XV érigée sur la place Royale de Nancy. Il mourut à Nancy le 24 mars 1557, âgé de cinquante-huit ans. (Rens. part.)


GUICHARD (Antoine) fut l’un des architectes de l’église Notre-Dame de l’Épine, située près de Châlons-sur-Marne. Cette église fut commencée en 1419 par un Anglais nommé Patrice, qui, tenté par les sommes considérables dont il était dépositaire, s’enfuit un jour, laissant les ordonnateurs de la construction sans ressources pour continuer leur œuvre. Plus tard, en 1429, Charles VII, traversant la Champagne, fit reprendre les travaux, mais pour peu de temps sans doute, car ce ne fut qu’un siècle plus tard, en 1529, que Guichard put achever l’édifice. Le nom de cet architecte a été révélé par cette inscription en patois champenois qu’on lisait dans l’église : « L’an mil Vc et XXIII, Guichard Anthoine tos catre nos at fet »[1], laquelle inscription s’applique aux piliers que cet

  1. Cette petite inscription, qui n’a l’air de rien, devint, il y a quelques vingt ans, un des gros arguments qu’un archéologue prussien, M. Sulpice Boisserée, fit valoir en faveur de la prétendue origine allemande de l’architecture gothique. Il est vrai que M. Boisserée avait, — involontairement je veux le croire, — latinisé ainsi qu’il suit ces quelques mots de patois champenois :
    GUICHART ASTHOSIS COL. S VCER. KOK. ACTÉE.

    D’où cette conséquence un peu forcée qu’un prêtre de Cologne, Coloniensis Sacerdos, avait été l’architecte de l’église Notre-Dame-de-l’Épine. M. Boisserée avait, malheureusement pour lui, compté sans le savant et regretté Félix de Verneilh, qui lui prouva facilement alors, dans les colonnes des Annales archéologiques, l’inanité de ses théories tudesques. Quant à l’inscription pseudo-latine en elle-même, Verneilh la fit estamper et en publia un fac-similé qui dut avoir son éloquence. Je doute fort que M. Boisserée soit revenu à la charge.