Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxviii
INTRODUCTION.

« Sy suivant iceus (dessins) l’on prent résolution de le faire (le pont), le dit De Caus promet de s’aquiter fidellement de l’œuvre moyennant » lionncste récompense[1] » Ce qui indique que les honoraires n’étaient pas exactement en rapport avec la dépense, c’est que, dans les payements faits aux architectes, les chiffres qu’on trouve le plus souvent expriment des sommes rondes, ce qui se présente bien rarement dans la pratique. Ainsi, on l’a vu, la gratification accordée à Baymond du Temple fut de 200 livres, celle de Jean Bourgeois de 100 livres, celle de Clément Métezeau de 3,000 livres.

J’ai dit plus haut que je n’avais trouvé qu’une seule fois réunis le chiffre d’une dépense de construction et celui des honoraires payés au maître de l’œuvre ; c’est à l’occasion de travaux de pavage exécutés au château de Fontainebleau, en 1541, pour Marguerite de Bourgogne. Il fut payé à l’entrepreneur, pour les ouvrages effectués, 200 livres, et au « conducteur du pavé » 10 livres. On le voit, les honoraires sont ici dans la proportion de 1 à 20, c’est-à-dire de cinq pour cent ; mais il est impossible de rien conclure de cet exemple, puisqu’il s’agit d’une exception, et que cette exception peut être due au hasard.

Ainsi donc la pension annuelle ou mensuelle, avec ou sans salaire, était de règle pour les architectes des maisons souveraines et des administrations municipales ou ecclésiastiques, et l’on sait que le traitement fixe fut en usage jusque dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il reste à savoir comment étaient traités les architectes employés par les particuliers. Évidemment le mode de rémunération, dans ce cas, ne devait pas être le même : employés temporairement à la construction des édifices privés, les architectes n’étaient certainement pas pensionnés, et il y a lieu de croire qu’ils étaient pavés en raison de l’importance des travaux dont la direction leur était confiée ; malheureusement les renseignements sur ce point font absolument défaut. Je n’ai

  1. De Caus ne réussit pas à se faire agréer par l’administration municipale de Rouen ; le pont fut exécuté sous la direction de Guillaume Le Vasseur, ingénieur et architecte, qui reçut pour ses honoraires 4,100 livres.