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GADIER (Pierre), l’un des constructeurs du château du bois de Boulogne, dit château de Madrid, eut pour collaborateur Jérôme della Robbia ; disons mieux : Gadier fut le véritable architecte de ce monument. Au surplus, dans les comptes de la construction du château de Madrid, le seul nom de Gadier est suivi de ces qualifications : « maître maçon, maître des œuvres », tandis que della Robbia y est appelé : « tailleur d’ymaiges et esmaillieur »[1]. Gadier mourut en 1531 : il eut pour successeur un autre architecte français, Gratien François. (De Labordc, Château de M.)


GAIDE ou GUALDE (Jean), dit Grand-Jean. Il commença, en 1508, le jubé de l’église Sainte-Madeleine, à Troyes, dont l’ambon était achevé en 1514. Trois années furent ensuite employées à construire les escaliers qui servent

  1. Le comte de Laborde, dans son Château du bois de Boulogne, fait ainsi qu’il suit la part des deux artistes : « Jérôme della Robbia était l’artiste créateur, l’homme de génie et de goût ; Pierre Gadier, le maître maçon, ouvrier soumis, mais en réalité le véritable constructeur, et si dans cette association entre deux hommes diversement doués l’art est d’un côté, le métier de l’autre, il est possible cependant d’entrevoir et de définir l’espèce de compromis qui s’établit entre eux… » Qu’il suffise à un émailleur, fût-il della Robbia, d’être associé à un « ouvrier soumis », pour devenir « l’artiste créateur » de ce château de Madrid que Du Cerceau nous a fait connaître, c’est là une hérésie qu’on s’étonne de trouver sous la plume d’un homme d’esprit que ses études avaient dû initier dans une certaine mesure aux conditions d’existence et à la pratique des arts. Que François Ier s’y soit trompé, je le comprends ; que de nos jours un richissime banquier ait eu successivement pour architectes un directeur de théâtre (Duponchel), un aquarelliste (Eugène Lamy), un jardinier (Paxton), je me l’explique encore ; mais que, dans une question comme celle-ci. un amateur des arts si instruit et si sagace ne se soit pas montré plus clairvoyant que le commun des bourgeois, couronnés ou non, c’est inexplicable.