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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.


GABRIEL (Ange-Antoine), fils de Jacques-Ange[1], fut nommé, en 1761, contrôleur des bâtiments de Marly, en

    le système a porté ses fruits. Mais si certains édifices municipaux de notre époque donnent une médiocre idée de l’imagination des architectes, j’espère que la postérité saura bien à qui s’en prendre, car ce ne sont pas les hommes de talent qui auront manqué à la Ville de Paris ; ces hommes sont, quoi qu’on en ait pu dire, très-nombreux aujourd’hui, et quelques-uns ont pu, malgré tout, en donner la preuve. Mais quand on est étranger aux arts et qu’on veut substituer au sentiment des artistes son goût et sa fantaisie, on ne fait plus de ces artistes que des machines plus ou moins obéissantes, et c’est ainsi que les arts deviennent des métiers. Heureusement le gouvernement n’est pas entré dans la voie funeste ouverte par la ville de Paris. Nos ministres, n’ayant pas la prétention d’être plus architectes que les architectes, laissent sagement à qui de droit le soin de diriger ces derniers. Le ministre des travaux publics et celui de l’instruction publique et des cultes sont pourvus de commissions consultatives composées d’hommes éminents, dont l’exacte compétence et les lumières, loin d’être un obstacle pour les architectes exécutants, sont au contraire pour eux une égide sûre, paternelle, qui les éclaire sans gêner en rien leur liberté d’action. Dieu veuille qu’il en soit toujours ainsi !

  1. Jacques-Ange a eu deux fils : Ange-Antoine et Ange-Charles, Un seul des deux, je crois, fut architecte. Sur la liste des brevets d’architectes membres de l’Académie, qui existe aux Archives nationales, et dont M. Guiffrey m’a si gracieusement communiqué une copie, le nom de Gabriel, fils de Jacques-Ange, qui devint académicien, n’est accompagné d’aucun prénom. Dans la délibération municipale dont le procès-verbal figure en note à la page 287, Ange-Antoine étant nommé le premier, j’avais cru pouvoir en conclure qu’il était l’aîné des deux frères et celui qui avait suivi la carrière de son père. Une trouvaille que j’ai faite aux Archives m’en a donné la certitude : c’est une lettre de Ange-Charles, devenu Gabriel de Saint-Charles, laquelle établit nettement, en effet, que Ange-Antoine était bien architecte et que Ange-Charles, au contraire, n’avait « aucun droit aux faveurs de l’administration des bâtiments du roy ». Mais cette lettre fait trop d honneur au désintéressement et à la délicatesse de celui qui l’a écrite pour