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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.


Enfin, c’est à lui qu’on doit la décoration de la place XV, à Paris, et les deux grands bâtiments qui la bordent sur un de ses côtés. Ces derniers travaux furent terminés en 1770[1].

  1. Ces bâtiments, construits de 1762 à 1770, et non de 1707 il 1772, comme on l’a cru jusqu’ici, furent destinés dans l’origine à la réception des ambassadeurs et autres personnages de distinction. Plus tard on établit, dans celui qu’occupe aujourd’hui le ministère de la marine, le garde-meuble de la Couronne. L’autre bâtiment était, sous Louis XVI, la demeure de l’ambassadeur d’Espagne, auquel succéda tout bonnement, pendant la Révolution, le limonadier Corazza. Il forme aujourd’hui plusieurs propriétés particulières.

    J.-A. Gabriel a dû jouir, de son vivant, de la gloire qu’il s’était acquise en élevant ces somptueux édifices d’une ordonnance et d’une exécution irréprochables. J’ai entre les mains une pièce originale qui le prouve et qui fait le plus grand honneur, non-seulement à ce grand artiste, mais à l’administration municipale de Paris de cette époque. Analyser cette pièce serait en méconnaître l’importance et le haut intérêt ; je vais donc la donner ici in extenso :

    « Du vingt trois janvier mil sept cent soixante dix — ce jour, nous prévôt des marchands et échevins de la ville de Paris, assemblés au bureau de la ville avec le procureur du roi et de la d. ville pour les affaires d’icelle ; vu la délibération du bureau du sept décembre mil sept cent soixante deux par laquelle nos prédécesseurs, pour les causes y portées, auroient accordé à M. Gabriel, premier architecte du roi, une pension viagère de six mille livres et ce à commencer du premier janvier mil sept cent soixante trois et réversible de deux mille livres après le décèds dudit sieur Gabriel, à Catherine Angélique De la Motte sa femme, les d. pensions exemptes de toutes retenues suivant autre délibération du vingt deux mars mil sept cent soixante trois ; vu aussi la délibération du dit jour sept décembre mil sept cent soixante deux par laquelle nos d. prédécesseurs auroient ordonné que, pour tenir lieu à M. Gabriel de ses frais de bureaux et commis extraordinaires, il lui seroit payé annuellement, des déniers de la recette de la Ville, la somme de deux mille livres jusques à l’entière perfection des travaux de la place Louis Quinze, nous aurions consi-