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INTRODUCTION.

Un salaire quotidien joint il une indemnité annuelle, tel fut cènerâlement, durant plusieurs siècles, le mode de rémunération adopté pour les architectes. L’artiste était paye tant par jour pour son travail effectif et il lui était alloué, en outre, à titre d’honoraires, pour la direction des travaux et la surveillance des ouvriers, une pension annuelle ou mensuelle. Dans la seconde moitié du XIVe siècle (de 1365 à 1382), à Troyes, le prix de la journée d’un architecte était de 15 francs environ, et en 1383, à Dijon, de 25 francs, tandis que, pendant la même période, ce prix n’était à Limoges et à Blois que de 9 à 10 francs. Le taux de la pension annuelle varie aussi beaucoup entre les diverses contrées. En 1354, Thiébaut de Ligny, architecte du comte de Blois, recevait seulement 2,152 fr. 80 c., et Pierre Marchand, employé au même titre en 1366, 2,580 fr. Jean de Baveux, architecte du chapitre de la cathédrale de Bouen, était mieux rétribué : il lui était alloué en 1388, outre sa pension de 3,200 fr. environ. 15 fr. 36 c. par journée de travuil et 400 francs pour sa robe, pro

    veut comparer, recourir aux tableaux qui suivent et complètent ce chapitre. Ces tableaux ont été établis d’après les principes posés par Leber dans son « Essai sur l’appréciation de la fortune privée au moyen âge », et surtout à l’aide du travail admirable de M. Natalis de Wailly ; « Mémoire sur les variations de la livre tournois, etc. » Mes calculs sont exacts, je le crois, mais cette exactitude n’est que relative. On peut, à force de science et de pénétration, comme l’a si bien fait M. de Wailly, établir quelle était la valeur intrinsèque des espèces monnayées à telle ou telle époque, mais il est très-d ifli ci le de déterminer le rapport de cette valeur monétaire, intrinsèque ou nominale, à chaque objet de la consommation. En supposant même qu’on puisse accorder ces deux termes du problème, il faudrait encore, — ce qui est impossible, — connaître pour chaque époque et pour chaque contrée l’étendue des besoins de la vie dans les diverses classes de la société ; rechercher, par exemple, si deux individus placés dans les mêmes conditions sociales, et vivant l’un au XIVe siècle et l’autre au XIXe siècle, pourraient avec le même revenu, eu égard au pouvoir de l’argent à chacune de ces époques, se procurer la même somme de bien-être et de jouissances. Or une telle recherche, on le comprend, serait vaine quant aux résultats qu’on pourrait en espérer. Il faut donc se contenter des calculs approximatifs faits par les érudits que je viens de citer ; ils suffisent d’ailleurs à un livre comme celui-ci.