Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
DICTIONNAIRE

2e  série, t. II. — Berty. Les Grands Arch. — L’abbé Chevalier. Archiv. — De la Borde, La Renaiss.)


DE L’ORME (Philibert), né à Lyon vers 1515, commandait à l’âge de quinze ans, ainsi qu’il le dit lui-même, à trois cents ouvriers. Il devait avoir dix-neuf ou vingt ans lorsqu’il alla étudier en Italie ; il était de retour en France en 1536 et choisit sa ville natale pour résidence. Vers 1542 il commença à Lyon le portail de l’église Saint-Nizier ; mais, le cardinal du Bellay l’avant appelé à Paris pour lui confier la construction de son château de Saint-Maur, il quitta Lyon sans avoir achevé ce portail. En 1546, De l’Orme, chargé de visiter deux fois par an « toute la coste et forteresse de Bretaigne », sauva la ville de Brest d’une attaque imminente des Anglais. À cette époque ses fonctions publiques paraissent avoir été plutôt celles d’un ingénieur que celles d’un architecte ; il dit expressément qu’il eut la charge de » fortifier à la guerre », qu’il fut « capitaine en chief et fermé (c’est-à-dire assiégé) plusieurs fois ». En 1548[1], De l’Orme était architecte du roi Henri II ; le 3 août de cette même année il fut, par lettres d’office données à Fontainebleau, nommé inspecteur des bâtiments royaux de Fontainebleau, Saint-Germain, etc. Il était en même temps architecte de Diane de Poitiers, pour laquelle il fit d’importants travaux ; mais à la mort d’Henri II, De l’Orme, tombé tout à coup en disgrâce, fut dépossédé de sa charge d’inspecteur ou

  1. En la même année il succéda à Jean de Luxembourg comme abbé commandataire d’Ivry. Il y a apparence qu’il fit travailler à son monastère. Ses armes sont à la chaire abbatiale. C’est un orme contre un croissant, et une tour avec cette devise ; Ne quid nimis. Ces sortes d’armoiries accompagnées de devises étaient fort du goût de cet artiste : les restes des sculptures de sa façon qu’on voit au château d’Anet en sont la preuve. On attribue aussi à De l’Orme les stalles du chœur de la chapelle d’Ivry. (Mél. hist. sur le dep. de l’Eure.)