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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.

travaux de Couture, conduits avec lenteur faute de ressources suffisantes, furent interrompus par la Révolution. Il avait commencé à Caen une caserne monumentale qui ne fut achevée qu’en 1833. Couture mourut à Paris le 29 décembre 1799. (Biog. unit. — Rens. part.)


    seulement purent etre attribués annuellement aux travaux de la Madeleine. Cependant, les constructeurs de l’église Sainte-Geneviève, plus favorisés, recevaient des subsides considérables, et cette inégalité dans la répartition des fonds provenant des loteries avait excité l’envie de Couture. Il s’étonne, il s’indigne presque qu’on fasse si peu pour son église, qui, « placée dans un des plus grands et des plus beaux points de vue, se trouve être, pour tous les habitants de Paris et même pour les étrangers, le monument, si on peut le dire, de tous les jours, sans cesse sous les yeux parce qu’il est placé sur un des plus grands passages de la capitale… Sainte-Geneviève, dit-il, orne aussi sans contredit la capitale, l’illustre même comme monument et superbe ouvrage de l’art ; mais cet édifice n’est vu que du curieux qui va le chercher, qui se dit : « Il faut que j’aille voir Sainte-Geneviève », et qui fait exprès une course préméditée, un petit voyage, et si ce curieux citoyen ou étranger, que la vue de ce monument appelle, est connaisseur, il est affligé de ne pouvoir voir, à toutes les heures de la journée, l’architecture du portail éclairée d’une manière favorable, défaut de position fâcheux pour l’effet d’un édifice, où les ordres d’architecture se trouvent employés avec tous leurs ornements et leurs richesses. Le portail de la Madeleine n’a point ce défaut, » ajoute Couture, « il est éclairé à toutes les heures du soleil depuis son lever jusqu’à son coucher, et offre les différents angles des ombres que le peintre cherche pour son tableau. » Pauvre Couture ! C’est probablement pendant les insomnies que lui causaient les lauriers de Souftlot, qu’il avait, comme Josué, imaginé d’arrêter le soleil dans sa course en le forçant ù faire jouer tout le jour sur son portail ces ombres que le peintre cherche pour son tableau. C’eût été là, en effet, un bon tour il jouer au confrère de Sainte-Geneviève, qui n’avait, l’infortuné, pour éclairer son œuvre, que le soleil de tout le monde, et qui dut prendre son parti de n’admirer son péristyle que tantôt dans la lumière et tantôt dans l’ombre.