Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VIII
INTRODUCTION.

tre des œuvres de la ville, fut chargé de la « superintendance » des travaux de reconstruction du pont Notre-Dame ; Guillaume de La Ruelle, architecte de François Ier, avait le titre de « général maistre des œuvres de maçonnerie du roy ». À la même époque, Bernard-Antoine, architecte de la cathédrale de Rodez, était qualifié « lapicida ac magister et gubernator dicti edificii » ; Jean de Lespine était « commissaire des œuvres et réparations » de la ville d’Angers ; Boldoytre, qui dirigeait en 1536 les travaux de la cathédrale d’Auch, prenait la qualification de « mestre de l’obre ». Pendant le XVIe siècle, les architectes lorrains continuèrent à être désignés d’une façon toute particulière : Nicolas Chaubault, architecte du duc Charles II, était « maistre maçon et maistre livreur es duché de Lorraine », et Claude Villon, qui lui succéda en 1564, prenait le titre de « maître tailleur en l’art de maçonnerie ».

Enfin un terme nouveau, celui d’architecte, vint tenir lieu de tous les autres. Il paraît avoir été employé pour la première fois sous sa forme définitive, en 1545, par Ambroise Paré, qui, dans sa « Méthode de traiter les plaies », exprime ainsi l’idée de Dieu : « Ce grand architecteur et facteur de l’univers » ; et plus loin, par allusion à l’autorité d’un maître en l’art de chirurgie : « Un architecte et édificateur doit, etc. » Le second exemple connu aujourd hui de l’emploi du mot architecte se trouve, à la date de 1549, dans une quittance des sculpteurs François Marchand et Pierre Bontemps, et à propos des travaux du tombeau de François Ier élevé dans l’église abbatiale de Saint-Denis [1]. Il s’agit d’une somme de 337 liv. 10 s. tournois « à eulx (ces artistes) ordonnée par Me Philibert De l’Orme, conseiller, aumosnier du roy et son architecte ». En 1541, il est vrai, François Ier avait déjà, dans un ordre de payement concernant Serlio, employé une expression équivalente en désignant ainsi qu’il suit l’artiste italien : « notre cher et bien aimé Bastiannet Serlio, peintre et architec-

  1. Je possède cette pièce originale, dont j’ai donné une copie à l’article Philibert De l’Orme, t. Ier, p. 208.