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XI
INTRODUCTION.

royales ou ducales. Ces auxiliaires du maître devaient être ce que furent dans le siècle dernier les « contrôleurs », c’est-à-dire des architectes en sous-ordre, chargés de l’exécution des travaux commandés par le maître général. C’est en qualité de « lieutenant du maître des œuvres de maçonnerie pour le roi » que Jean Dizieulx éleva le transept nord de la cathédrale de Senlis.

Vers le commencement du XVe siècle, la fonction de l’architecte se dédouble, en ce sens qu’on voit apparaître à côté du maître des œuvres de maçonnerie celui des œuvres de charpenterie ; toutefois le premier semble conserver la suprématie du commandement, il reste le principal architecte de l’édifice [1]. Ainsi, en 1459, Jean Massé, de Compiègne, appelé à Noyon pour donner son avis sur la restauration de la cathédrale, était qualifié de « premier maître des œuvres », ce qui indique bien qu’il n’était pas seul et qu’il avait le pas sur les autres.

Vers le même temps, en 1476, dans le duché de Lorraine, Simon Boussart fut nommé « maistre visiteur du mestier de maçonnerie » ; en 1491. Geoffroy Courtois, de Gondrecourt, était « masson et regardeur sur les œuvres de maçonnerie au bailliage de Bassigny, pour corriger les abus et amendes rapporter aux officiers des lieux ». Dans le centre de la France, à Bourges, en 1477, Pelvoysin, constructeur de l’Hôtel-Dieu et de l’église Notre-Dame, était resté modestement « maistre masson ». À Montpellier, Beraud-Calhier était, en 1492, « maistre de maçonnerie » de cette ville.

À Paris, en 1499, Colin de La Chesnaye, en sa qualité de maî-

  1. Aussi n’ai-je considère comme architectes que les maîtres d’œuvres de maçonnerie. On comprend bien d’ailleurs que la conception générale d’un édifice n’ait pu être et ne soit en effet possible qu’à la condition d’émaner d’une seule et même pensée. Le maître de la charpenterie resta donc, à certains égards, subordonné à son collègue, dont il avait à recevoir sinon des ordres, au moins des instructions générales. Quelquefois les deux commandements étaient réunis dans la même main : témoin Jean James, qui, au milieu du XVe siècle, était maître des œuvres de maçonnerie et de charpenterie de la ville de Paris. Au surplus, le maître charpentier finit, au XVIe siècle, par se refondre dans le maître maçon, c’est-à-dire dans l’architecte.