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VIII
INTRODUCTION.

ture, différer des huttes du peuple que par des dimensions plus grandes et des matériaux plus rares ou plus précieux. Les plus anciens et les principaux de ces artistes religieux furent, vers le commencement du Ve siècle, saint Agricol, évêque de Chalon-sur-Saône, qui bâtit plusieurs églises de son diocèse, notamment sa cathédrale ; saint Germain, évêque de Paris, qui éleva vers 550, dans sa ville épiscopale, une église dédiée à saint Vincent, laquelle devint plus tard l’abbaye Saint-Germain-des-Prés ; Grégoire de Tours, qui construisit au siège de son diocese, en 582, sous le vocable de saint Maurice, une riche église qui fut, pendant près de six siècles, la métropolitaine de ce diocèse. Plus tard, Anstens, archidiacre de la cathédrale de Metz, dirigea les travaux de son église,

Pendant le XIe siècle, Hugues, abbe de Montierender, fit exécuter sous sa direction, en 1002, de grands travaux dans l’église de son monastère ; Hilduard, religieux de l’abbave de Saint-Père, à Chaitres, reconstruisit, vers 1150, l’église de cette abbaye ; Bonne-Ame, succédant à Lanfranc, commença l’église de l’Abbaye-aux-Hommes, à Caen. Dans le XIIe siècle, Pierre de Confolens, évêque de Saintes, releva sa cathédrale que les Normands avaient incendiée en 977. À la même époque, saint Benezet construisait le pont d’Avignon. En 1231, Nicolas de Belle, abbé de Citeaux, dirigeait la reconstruction de son monastère, tandis que le moine André était l’architecte de l’église prioriale de Saint-Genez, au diocèse de Bellay. Le religieux chargé de la construction ou de l’entretien des bâtiments était qualifié de « magister operis [1] ».

C’est au XIIe siècle seulement qu’apparaissent pour la première

  1. Je crois bien que la qualité de « maître des œuvres » ou de « maître de l’œuvre » date, en France, du XIIe siècle. On la trouve employée à Strasbourg à la même époque, mais elle n’appartenait pas alors à l’architecte, elle était donnée au receveur et payeur de l’œuvre (en allemand Werkmeister). Plus tard cette qualification fut prise par l’homme de l’art chargé des ouvrages militaires, le préposé de l’artillerie, charge qui était ordinairement confiée aux maîtres charpentiers de la ville. (Schnéegans, Maîtres d’œuvres.)