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à 1853, il fut attaché en qualité de premier inspecteur au Tombeau de Napoléon Ier, et il succéda à Visconti comme architecte en chef de ce monument, lequel d’ailleurs était alors à peu près achevé. Bouchet s’est surtout distingué comme dessinateur et comme graveur. Les ouvrages qu’il a laissés font le plus grand honneur à son talent ; le premier en date est de 1837, et a pour titre : « la Villa Pia des Jardins du Vatican », le chef-d’œuvre de l’architecte Pirro Ligorio. Il exposa au Salon de 1849 ses « Essais de restaurations », huit beaux dessins qui lui valurent une médaille d’or[1]. Ces dessins se retrouvent, gravés de la main même de Bouchet, dans les « Compositions antiques » qu’il publia en 1851. On doit aussi à cet artiste une restitution de la maison de Pline, le « Laurentin », travail qui fut exposé au Salon de 1852 et gravé l’année suivante. Enfin, Bouchet ayant été nommé chef des travaux graphiques à l’École centrale des Arts et Manufactures, il composa pour ses élèves deux traités élémentaires, l’un de dessin linéaire, l’autre intitulé : « Perspective des ombres ». Il mourut à Paris le 16 janvier 1860. (Ad. Lance, J. Bouchet, not. sur sa vie et ses travaux.)

  1. Les dessins de Bouchet exécutés antérieurement à cette époque, et notamment ceux qui appartiennent au musée de Compiègne, se rattachaient trop par leur style à l’école de Percier pour être appréciés par tout le monde à leur vraie valeur. Au contraire, les Essais de restaurations constituaient une nouvelle manière où la personnalité de l’artiste, dégagée de certaines entraves, se montrait sous le jour le plus séduisant. Personne n’a oublié ces œuvres charmantes ; c’était la réalisation d’autant de beaux rêves comme les pouvait concevoir l’imagination d’un homme qui avait passé sa vie dans la contemplation des monuments de l’antiquité. Ces dessins, composés avec le plus grand art, étaient exécutés à l’aquarelle, mais avec une sobriété de tons, une suavité de coloris, quelque chose de si exquisement vaporeux dans l’effet général, que ces ravissantes images, bien qu’idéalisées par le sentiment poétique de l’artiste, semblaient de réelles invocations du passé lointain qui les avait inspirées.