Page:Lance, Dictionnaire des architectes français, 1872, tome I.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
V
AVANT-PROPOS.

Tous les auteurs qui se sont Jusqu’ici occupés de l’histoire des artistes ont fait, selon moi, une part trop grande à l’homme privé. Je comprends que la mort récente d’un personnage célèbre donne lieu à la mise en lumière de certains détails familiers restés jusque-là dans l’ombre : le public est ordinairement curieux d’être initié à la vie intime de celui qui vient de disparaître à jamais ; mais, quand l’intérêt d actualité n’existe plus, quand il s’agit d’hommes dont les actions sont moins intéressantes que les œuvres et appartiennent au passé, je suis d’avis qu’il ne faut prendre de leur vie privée que ce qui peut intéresser leur vie publique, c’est-à-dire ce qui a trait directement à leur histoire comme artistes. C’est ce que j’ai fait. Toutefois, comme aucune règle n’est absolue, j’ai cru devoir tenir compte exceptionnellement de certains faits accessoires ; mais, dans ce cas, j’ai soigneusement relégué ces faits dans des notes additionnelles au bas des pages.

Quant à des appréciations esthétiques ou autres, je m’en suis rigoureusement abstenu. Un dictionnaire étant avant tout un livre de renseignements, je n ai pas cru devoir imposer à mes lecteurs mon sentiment particulier sur les hommes et les choses dont j’avais à traiter. En voyant dans les livres de mes devanciers tant de jugements que la postérité n’a pas confirmés, j’ai évité d’accommoder les faits à des doctrines qui seraient tôt ou tard à leur tour frappées de sénilité. Le goût change avec les générations qui se succèdent, et nos enfants brûlent souvent ce que nous avons adoré. Cette absence de critique a, je le sais, pour inconvénient la sécheresse du discours, mais entre deux maux j’ai préféré le moindre. On ne trouvera donc dans ce dictionnaire que des dates aussi exactes que possible et des faits authentiques.

Mon livre se termine par une table analytique des matières, où tous les noms de lieux, de personnes, d’édifices, etc., cités dans le cours de l’ouvrage sont rappelés, groupés, combinés de telle sorte, que l ennui des recherches sera pour ainsi dire supprimé. Cette table est faite sur un plan nouveau et fort ingénieux par M. de Montaiglon, qui n en a pas été seulement