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tion que des travaux entrepris par des particuliers. En 1799 il refit la disposition et la décoration intérieure du théâtre Favart, occupé alors par les chanteurs italiens : il avait eu pour concurrents Poyet, Brongniard, Celerier et de Wailly. Dans les premières années de l’Empire, il construisit au Valsous-Meudon une fontaine publique et une manufacture de faïence ; il lit à Carrières-sous-Bois la plantation d’un parc avec pavillons, glacière, fontaines, etc. ; à Jouy l’agrandissement du château ; à Neuilly un canal de 250 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur, etc. Il mourut à Paris le 14 décembre 1826. (Biogr. des hom. célèbr. de la Somme. — Rens. part.}

    phases de sa carrière cet artiste, que la malechancc a poursuivi avec un acharnement peut-être sans exemple. Il est juste d’ailleurs que la postérité le venge de ce que la fortune n’a pas voulu faire pour lui. Bienaimé avait du talent, il l’a prouvé dans des concours où il eut pour compétiteurs des hommes comme Percier, Fontaine, Brongniart, de Vailly, etc., et où, néanmoins, il l’emporta par le mérite, dépendant il usa sa vie presque entière sans pouvoir donner des preuves effectives de son talent, et, par conséquent, sans en recueillir les fruits. J’ai sous les yeux une lettre de Bienaimé qui achève de peindre sa triste existence d’artiste. Cette lettre, qui est en même temps une autobiographie, est adressée au comte de Chabrol, préfet de la Seine, et porte la date du 21 février 1816. Bienaimé y expose au préfet qu’il est depuis cinq ans et plus sans emploi, sans travaux, et qu’après avoir fait le sacrifice d’une partie de ses effets pour donner du pain à ses enfants, il se trouve sans ressources. Puis il donne 1 énumération des succès qu’il a obtenus dans les concours publics, des travaux qu’il a fait exécuter pour des particuliers. Il termine en disant : « Si M. le Préfet me trouve digne de sa confiance, s’il veut bien me confier quelques travaux ou me faire parvenir quelques secours, je lui devrai le salut et le bonheur de mes enfants. » N’est-ce pas navrant ? Eh bien, le pauvre Bienaimé n’était pas encore au bout de ses souffrances : cette place qu’il sollicitait en 1810, il l’attendit pendant sept ans. En 1823 seulement il obtint un emploi secondaire d’inspecteur des Bâtiments civils : il avait alors 58 ans !