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DES ARCHITECTES FRANÇAIS.

et sculpté de la main de Jean Goujon[1] (Guilhermy, Itinéraire. — Bachaumont, Mémoires.)


BACHELER. Cet artiste vivait dans les premières années du XVe siècle. Les échevins de la ville de Béthune avaient confié en 1416 à Gautier Martin, maître des œuvres de la ville de Lille, l’achèvement d’une grosse tour « jointe à la forteresse du marché aux chevaux » ; quand le travail fut terminé, une contestation s’étant élevée avec les entrepreneurs qui en avaient été chargés, on appela pour recevoir ce travail Martin Le Vinchon, maître des œuvres de l’église Saint-Wast d’Arras ; Jean Mynal, pensionnaire de la ville de Lille, et Bacheler, pensionnaire de l’église de Thérouanne. Ces experts, après examen de la question, décidèrent qu’il serait accordé une indemnité aux réclamants, et en fixèrent le chiffre à trente-sept livres huit sous. (Mélicocq, Art. du nord.)

  1. En 1744, le chapitre qui dessertait cette église ayant été réuni à celui de la cathédrale, les marguilliers et le curé, devenus maîtres absolus de l’édifice et désireux sans doute de donner une preuve éclatante de leur nouveau pouvoir, décidèrent la destruction de ce jubé. Trop remarquable, il est vrai, pour être apprécié à sa valeur dans un temps où le plus détestable goût régnait en fait d’architecture religieuse, ce bijou ne pouvait guère échapper à la destruction. Baccarit, ne craignant pas de se rendre complice de cette mauvaise action, mit le marteau dans ce petit chef-d’œuvre. Non content de cela, il osa porter la main sur le monument même : ce fut lui aussi qui laboura de cannelures les vieilles piles du chœur de l’église et enguirlanda leurs beaux chapiteaux du XIIIe siècle, après les avoir outrageusement mutilés. Il va sans dire que les affreux caissons et panneaux taillés au-dessus des archivoltes datent aussi de ce temps-là. Mais Baccarit, il faut le dire, ne fut pas seul coupable de ces indignes dégradations : l’académie des arts, à laquelle il avait soumis son projet de décoration, l’avait hautement approuvé ; il est donc juste aujourd’hui de frapper de la même réprobation tous les vandales de 1744.