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pondent par le bec » dit le proverbe.

« Pour moi, j’avais suivi la batteuse, afin de rendre à mes voisins l’aide reçue ; j’en eus pour une semaine à me libérer. La plupart de ces pauvres diables avaient eu leur blé gelé, lequel faisait pitié ayant perdu énormément en poids et surtout en valeur commerciale ; il est vrai que leurs terres étaient plus humides que la mienne.

« Une fois libre, j’allai conduire une première charge de blé à la station la plus proche, c’était alors Birch-Hill, située à 18 milles de chez nous ; je mis 50 minots bien mesurés dans mon wagon, et me voilà parti un matin de bonne heure.

« Mon grain n’ayant pas gelé, était doré, bien « sonnant » et très lourd ; mes chevaux en avaient leur charge dans cette route non encore bien abattue, venant d’être ouverte, et cependant malgré les apparences favorables j’étais inquiet sur le succès de la vente : les employés d’élévateurs pour la plupart — je conviens qu’on rencontrait d’honnêtes exceptions — ayant déjà pris l’habitude de prélever sur les fermiers, hors d’état de vérifier leurs balances