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je mis longtemps à les trouver, mais je ne maugréai pas cette fois, d’autant plus que leur effectif s’était augmenté d’une unité : une jolie pouliche que ma jument avait eue pendant ces derniers jours où je l’avais perdue de vue. Pourtant, les occasions d’irritation ne manquaient pas ; on eût dit que les rossards flairaient mon intention et plusieurs fois ils partirent au galop dans des directions opposées. Cela prit bien du temps pour leur faire enfiler la piste conduisant chez moi, où j’avais par précaution laissé la barrière ouverte.

« Mais arrivés là, voilà les deux « gris » à faire la grimace ; n’ayant jamais vu de clôture dans ces parages, ils s’ébrouaient avec méfiance et semblaient vouloir reprendre le large ; heureusement la pouliche était-elle entrée innocemment, ce qui força la mère à la suivre ; les autres emboitèrent.

« Il y a dans la rude vie du « settler » des moments de satisfaction qui l’égaient heureusement ; nous en connûmes un de ce genre, lorsqu’ayant refermé la barrière sur nos fugitifs, nous les vîmes longer la clôture pensant trouver une issue plus loin ; puis, une heure après, revenir à la porte, espérant ressortir là où ils étaient entrés. Sans compter que nous nous sentions un peu mieux chez nous avec cette installation nouvelle (ou du moins nous nous le figurions !)


Comment il est bon, des fois, de faire flèche de tout bois.


« Cependant, que de choses nous manquaient encore qu’il faudrait conquérir à la force du poignet ! Ma pauvre femme, à l’étroit dans notre cabane, demandait très justement un agrandissement du logis, et moi de mon côté je voulais 20 nouveaux acres de cassage, or je m’avais toujours que deux chevaux de travail, alors qu’il m’en aurait fallu quatre pour le faire ce cassage