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qu’à chez nous pour faire une partie de cartes.

« Nous allions nous-mêmes parfois, les soirs de beau temps, faire aussi visite chez d’autres compatriotes du côté de Domrémy, territoire sur lequel s’était installée une colonie de Bretons qui, tous, devaient réussir brillamment par la suite. Mais alors le pays n’avait rien de cossu ; l’église, comme mon étable, était bâtie en logs, et le curé pour vivre élevait des animaux. Le digne homme ne faisait pas plus de façons que ses paroissiens, et on pouvait souvent le voir en sabots, soignant ses chevaux.

« Mais il ne se plaignait de rien, satisfait de voir affluer chaque dimanche les fidèles dans sa pauvre église dont il sonnait lui-même la cloche, car c’était la seule ambition de cet apôtre qui avait pour cela quitté la France et l’aisance du domaine familial, de contribuer à répandre la Bonne Parole. Au reste, personne ne manquait à son office, on y venait mis comme on pouvait, l’été en wagon, l’hiver en grosse sleigh, très peu ayant les moyens de se payer une voiture légère. Aujourd’hui, lequel n’a pas une auto de luxe là-bas ?

« Ces veillés et parties de cartes étaient la distraction de l’hiver, comme les pique-niques sur l’herbe celle de l’été : maintenant, grâce aux autos, on va d’une localité à l’autre ce qui permet de voir successivement toutes les fêtes d’un district.

« La régularité et la méthode donneront toujours des résultats à ceux qui en feront la base de leur activité. Au mois d’avril, toutes les perches abattues étaient alignées sur le pourtour de ma terre, et les piquets aiguisés, mais ceux-ci, vu le sol gelé, ne pouvaient être plantés qu’au commencement de juin.


PREMIÈRES SEMAILLES


« Une nouvelle saison s’ouvrait :