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— Pour moi, continua notre hôte, il m’a toujours répugné de parler anglais. Vive notre langue, la première du monde ! Vous devez remarquer, ajouta-t-il, avec une secrète nuance de satisfaction, que je l’ai assez bien conservée !

En effet, son parler n’avait pas la moindre inflexion américaine, et même chez lui la propriété des termes indiquait un homme d’une certaine culture. Je hasardai :

— Je pense que vous n’avez pas dû naître sur une ferme, Monsieur Déry, votre langage indique un homme de la ville ; d’ailleurs si vous êtes de Paris… Mais — pardonnez-moi — comment avez-vous bien pu émigrer aussi loin ?

— Ah ! c’est tout une histoire fit-il, devenu un peu rêveur, et ça serait peut-être un peu long !…

— Des histoires… mais c’est justement ce qu’on cherche en voyage, repartis-je ; ne vous gênez pas pour nous, Monsieur Déry ; « envoyez » comme on dit à Québec sans la plus lointaine crainte de nous ennuyer ; ce sera même pour moi une de ces Veillées Canadiennes dont l’ami X… m’a tant parlé et que je ne connais encore que de réputation ! Pas vrai, X… ?

— En effet, s’empressa d’opiner mon compagnon, j’ai promis à Jules de lui montrer pendant deux mois les curiosités de la Province, et voilà, certes une occasion imprévue dans mon programme que je ne voudrais pas manquer.

— C’est ce que je suis… loquace quand je m’y mets, et vous risquez fort de vous coucher après minuit, Messieurs je vous en préviens. Ainsi voyez !

— La belle affaire ! Nous nous lèverons plus tard voilà tout !

— C’est bon, en ce cas je commence.


Où et comment il est question du
pays des « Arpents de neige ».


« Oui, je suis né à Paris, comme