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« L’après-midi j’attelais les chevaux et l’on partait en promenade. Une fois, nous allâmes prendre du poisson dans un petit cours d’eau qui sert de déversoir au Crooked Lake et qu’on nomme la rivière Carotte. C’était l’époque du frai pendant laquelle ces habitants des eaux sont comme étourdis, quoique obéissant à la force mystérieuse qui les pousse à sortir du lac pour aller essaimer ailleurs. Quand un de leur « passages » avait lieu, ils étaient si serrés dans l’étroite rivière qu’on aurait pu en prendre à la main : brochets et « dorés » (grosse perche) pesant en moyenne deux livres. Nous avions une fourche avec nous au moyen de laquelle nous en fîmes sauter une cinquantaine sur l’herbe.

« Il y avait là tout le ban et l’arrière-ban de la Galicie, gens au parler rude, aux faces camuses et aux mains avides. Il fallait entendre leurs cris sauvages lorsqu’un « passage » était arrêté ! Quelle aubaine pour eux et leurs cochons ! Ils remplissaient de leurs prises de pleins wagons.

Ceux-là étaient positifs et connaissaient la formule : « Time is mo-