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les précieux « conseils aux fermiers », distribués régulièrement par les Fermes Expérimentales du Gouvernement aux « habitants » amis du progrès, afin de leur éviter de coûteuses « écoles » : les instruisant gratis de leurs propres expériences. Mais revenons à mon installation.

« J’étais donc resté tout seul à bricoler j’essayai bien de tenir quelque temps, mais la pluie étant survenue, je pliai bagage et rentrai ; d’ailleurs l’ennui me gagnait.

« De retour, je me mis obligeamment à la disposition de M. R… pour l’aider si je pouvais, ce qui me procura l’occasion d’apprendre le maniement de certains outils agricoles. Je commençai par le hersage qui, quoique le plus simple des travaux, est cependant détesté pour sa monotonie et sa fatigue. Mais mes chevaux avaient le pas vif, et comme moi-même bon marcheur, je fus assez utile, ce qui me rendit quelque enthousiasme.

« Ensuite, j’abordai le labour simple, aidé des indications de M. R… lequel, impotent, stationnait assis au bout du sillon. Là, la difficulté était plus grande car une charrue doit se régler non seulement en direction et en profondeur, mais encore selon la façon de tirer des chevaux. Pendant les premières heures, vu mon inexpérience, je fis ce qu’on appelle « un labour de cochon » ; mais comme j’ai le coup d’œil assez droit et que les chevaux obéissaient parfaitement au commandement, je finis par m’en tirer. Si bien que dès le troisième jour j’abattais mes deux acres régulièrement.

« Aussi, les 40 acres que notre hôte se proposait de mettre en blé furent-ils en terre dès le ler mai — en ce temps-là les cultures étaient restreintes — la semaine suivante on sema les 10 acres d’avoine, et ensuite quelques acres d’orge.

« C’eût été un très bon début pour moi si M. R… avait été en santé car satisfait de la réelle bonne vo-