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terait de semer en avoine seulement ses vingt acres « de terre faite ».

À son retour de Tisdale il put chez un voisin acheter une vache à bon compte et une vingtaine de poules. C’était peu tout cela, oui mais c’était à soi, bien à soi !

Lorsque les vingt acres eurent été ensemencées, Placide se mit à l’œuvre pour préparer un autre vingt ou trente acres pour l’année suivante. Les feux de bois de l’automne d’autant avaient déboisé une large pièce, et ce fut là que notre ami se mit à la besogne. Si le bois était brûlé, il restait encore beaucoup de travail à faire : souches à enlever, racines et bois calcinés à mettre par tas et à brûler.

Souvent Flore allait lui prêter main-forte. Elle ramassait racines, branches, en faisait des tas et les brûlait ensuite. Elle trouvait un plaisir sans nom à faire ce travail… et elle s’imaginait que la pièce nettoyée prenait la proportion d’un champ immense.

— Hein ! Placide, disait-elle, le beau blé que nous aurons là-dedans l’automne prochain !

Elle babillait là aussi, tout en