money »
« À neuf heures embarquement sur le « Dominion » après avoir passé l’inspection des yeux. Cette inspection, qui n’a lieu que pour les émigrants, était faite ce jour-là par un rustre décoré du nom d’Inspecteur (car si l’Angleterre a ses gentlemen, elle a aussi ses boors) qui vous retournait brutalement les paupières avec une pince en fer, sans y mettre aucune des façons nécessaires ; un garçonnet français de 4 ans, que son père portait, ayant été traité par lui de cette manière, lui envoya dans sa vivacité — bien française aussi — une gifle retentissante qui amusa tout le monde, notre brute daigna ne pas trop s’en fâcher.
« Les émigrants anglais étaient dispensés de cette formalité. Admirez ici, Messieurs, la stupidité de l’orgueil britannique qui a décidé, en principe que tout fils d’Albion était, de par sa naissance, exempt des tares qui affligent le reste de l’humanité — infirmité ridicule du peuple peut-être le plus sensé de la terre !
« Cet invraisemblable orgueil anglais nous devions le retrouver d’abord sur le bateau car tous, depuis le « Captain » jusqu’au plus bas « waiter », se regardaient comme d’une humanité supérieure au reste des mortels — se traitant d’ailleurs mutuellement comme tels — puis aux alentours de notre « homestead » (le fameux domaine) situé en plein pays de colonisation anglo-protestante. Mais laissons