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définitif de possession ou ce qu’on appelle communément « la patente », il ne restait plus que six mois de résidence à faire.

De ce côté tout allait pour le mieux, si l’on tient compte de la distance qui séparait le homestead de la ferme.


Ce fut ensuite l’année de la guerre. Bien que cette année-là les récoltes fussent bonnes dans le pays généralement, Placide ne retira presque rien de sa terre : la rouille et la gelée s’étaient mises ensemble de la partie, et, en outre, la terre empestée de mauvaises herbes ne savait plus produire le blé. D’un autre côté, de fortes dépenses étaient survenues inopinément : il avait fallu acheter une autre moissonneuse, la vieille n’allait plus. Placide avait encore perdu deux chevaux qu’il avait fallu aussi remplacer. Bref, il ne put payer à M. Moore, cet automne-là, que les intérêts sur la dette contractée.


L’avenir n’offrait rien de rutilant. Car Placide en était à se demander s’il lui serait possible de se libérer dans le temps convenu par l’acte de vente. La terre ne produisait plus que des herbes nuisibles, et de cette terre il y en avait 150 acres qui exigeaient un labour d’été, et encore serait-il difficile de se débarrasser de la folle avoine dont le pourcentage augmentait dans des proportions alarmantes.


Oui, mais ne pas semer, ce serait ne pas récolter. Il fallait prendre un autre risque ; c’est pourquoi il fut décider de ne mettre en labour d’été que 100 acres et de semer le reste de la terre en ce printemps de 1915.