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Ce fut un enfant mâle que le 15 décembre, Flore mit au jour : un joli petit être d’amour qui mit au cœur de Placide une joie nouvelle en même temps qu’un désir plus grand de réussir dans la vie. Une double force et une double énergie avaient tout à coup surgi en lui.

On avait pu obtenir les services d’une garde-malade, une jeune fille de nationalité française dont les parents habitaient à quelques milles de là, de sorte que Flore put revenir doucement de ses couches qui avaient été un peu dures.

Si l’enfant était venu au monde bien portant, si sa santé ne devait donner nulle inquiétude à ses parents, il restait pourtant à ceux-ci une inquiétude : celle de faire baptiser leur rejeton.

Le plus grand inconvénient de nos amis était de se trouver sans église et sans prêtre. Néanmoins, un prêtre de Prince-Albert venait quelquefois passer un dimanche à Tisdale pour les besoins des fidèles peu nombreux des alentours.

Or, précisément, Placide apprit, en allant reconduire le médecin à Tisdale, qu’un prêtre viendrait à Noël. Notre Canadien ne manqua point l’occasion : en dépit d’un froid de 45 sous zéro il se rendit à Tisdale le matin de Noël et, après l’office, invita le prêtre à venir baptiser son enfant. Le prêtre se rendit très volontiers à l’invitation et ce fut ainsi que l’enfant reçut les prénoms de Placide-Paul-André. Le père et la mère de la jeune française furent les parrain et marraine.

Le 15 janvier, Flore était si bien portante et redevenue si forte qu’il fut décidé — pour économiser — de ne plus retenir les services de la garde-malade.

L’économie était plus que nécessaire, car au printemps suivant il faudrait emprunter de la banque et celle-ci exigerait le remboursement