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Bernier à la banque avaient baissé… Oui, mais par bonheur restait l’avoine à vendre.

Sur les entrefaites un gros fermier du voisinage se présenta. Il cherchait 2 000 minots d’avoine dont il aurait besoin pour son usage dans le cours de l’année qui allait suivre. Il faut dire que cette année-là l’avoine, en cette partie de la contrée, n’avait guère réussi, et Placide avait été l’un des rares cultivateurs dont la récolte d’avoine avait rendu passablement bien. Il convient d’ajouter que la plupart des fermiers ne semaient généralement, en avoine, que le nombre d’acres suffisant pour leur fournir la nourriture des animaux. Personne dans les alentours n’en avait donc à vendre, sauf Placide, et on le savait.

Pour un fermier comme celui qui venait frapper à la porte de notre ami il aurait fallu faire venir un char d’avoine de Winnipeg, une avoine qui aurait coûté pas moins de 60 sous le minot en comptant les frais de chemin de fer et de charriage par route. Le gros fermier offrit à Placide de lui payer 50 sous du minot pour les douze cents minots qu’il avait à vendre, et il s’engagea à en faire faire le charriage par ses employés dans le cours de l’hiver au fur et à mesure de ses besoins. Au surplus, il payait immédiatement les six cents dollars que représentait son achat.

Le marché était excellent. De ce fait providentiel Placide Bernier se trouva avec mille piastres en banque pour faire face aux frais d’exploitation de l’année suivante.

C’était donc la sécurité pour un an et sans qu’il fût besoin de se priver irraisonnablement.

La meilleure joie était revenue au foyer de nos amis qui n’avaient plus qu’à attendre le beau jour où naîtrait l’enfant attendu.