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Tisdale, il avait fait la connaissance d’un vieil Anglais qui désirait louer sa ferme d’une demi-section (320 acres) pour une année, afin de traverser l’Atlantique pour aller revoir après trente ans, sa vieille patrie de l’Angleterre. Placide Bernier crut trouver là une belle opportunité pour s’acclimater à l’Ouest Canadien, s’instruire de ses coutumes et de ses modes de culture tout en faisant de l’argent.

Il loua la terre.

IV


Les termes du bail furent moitié de la récolte pour chacun des deux parties contractantes : monsieur Moore, le propriétaire, fournissant chevaux et machineries, le locataire payant les grains de semence et s’engageant à faire tout le travail requis et se chargeant de tous les frais d’exploitation. M. Moore abandonnait au locataire tout le bénéfice du lait que pourraient donner les deux vaches et celui des œufs que pondraient les trente poules de la ferme, et aussi toute la nourriture pour les huit chevaux, foin et avoine. C’étaient les seuls animaux que possédait le fermier.

Ce bail, comme on le voit, était plus avantageux pour le fermier que pour son locataire ; si Placide Bernier avait eu l’expérience dans ce genre d’affaires, il n’aurait pas accepté ces conditions, et il aurait exigé tout au moins les deux tiers de la récolte. À cela il convient d’ajouter qu’à l’automne ou au printemps suivant, à l’expiration du bail et avant de quitter la ferme, le locataire s’obligeait à faire un même nombre d’acres de labour actuellement faits, c’est-à-dire 70 acres. Il était tenu encore de faire, au cours de l’été et entre le 15 juin et le 1er août, au moins 70 acres de labour que le fermier avait lui-même mesurés et piquetés.

Ces conditions étaient lourdes.

Mais inexpérimenté comme il était,