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glo-Saxons et les Scandinaves) et l’on touche enfin Prince Rupert.

On était au terme du voyage ou à peu près. De ce point, on n’aurait qu’à jeter les yeux autour de soi pour dénicher un coin de « La terre promise ».

Au Sud, à 25, 30 et 40 milles, s’échelonnaient de belles paroisses et des champs d’un fertilité inimaginable : Saint-Louis, Domrémy, Bellevue, Bonne-Madone, Duck Lake, et bien d’autres. Au Nord, le pays demeurait encore à l’état inculte, mais déjà des pionniers s’emparaient du sol. À l’Est, de fort bonnes contrées, mais déjà habitées et exploitées par des races étrangères. À l’Ouest, le pays ne faisait que de commencer « à s’ouvrir ».

Nos colons descendaient donc à Prince Albert le samedi matin, après avoir quitté Montréal le mardi soir.

L’agent colonisateur leur dit :

— Vous avez toute cette journée et celle de demain, dimanche, pour visiter la ville et vous reposer des fatigues du voyage. Lundi, nous irons voir les terres…

Sur ce, le digne homme, lui, alla voir ses amis. Mais auparavant il jugea bon d’aller frapper à la porte du Bureau des Terres. Apparemment il ne savait trop de quel côté diriger sa forte colonne. Sans doute, il y avait bien des endroits où restaient à prendre quelques homesteads parmi les colonies déjà existantes, mais il n’y avait pas place pour tout ce monde. Au surplus, on désirait se grouper et fonder une paroisse, et ce n’était pas en s’éparpillant d’un côté et de l’autre qu’on réaliserait le projet. L’agent-colonisateur avait lui-même élaboré ce projet, mais il n’entendait pas subir le caprice de ces nouveaux colons et les conduire chacun de son côté : il n’avait qu’un devoir à remplir : celui de gagner « honnêtement » son salaire en menant le troupeau quelque part… où ? en bois ou marécages et l’y laisser se débattre à son gré.