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Il valait mieux tout lâcher de suite. Il lâcha au retour d’une promenade chez ses parents dans le comté de l’Islet. Il était allé passer là, un dimanche d’automne. Après l’office du jour, un agent-colonisateur avait fait une conférence sur l’Ouest ; il engageait tous les jeunes hommes, ceux qui ne disposaient pas d’un capital quelconque, d’aller dans l’Ouest pour s’y choisir — et pour « Dix dollars » seulement — une belle et splendide terre de cent soixante-acres !!!

Sans doute, Placide Bernier n’avait pas avalé la belle histoire de l’agent-colonisateur particulièrement payé pour faire et conter de belles histoires ; mais par le discernement qu’il avait acquis avec l’instruction il pouvait saisir, à travers les peintures et tableaux rutilants qu’on se plaisait à ébaucher, les inconvénients et les déconvenues que ne pouvait manquer d’offrir le grand pays du blé. Qu’il y eût là beaucoup de bon, c’était possible mais il devait nécessairement y avoir du mauvais aussi. Seulement, à qui savait ou saurait s’y prendre, le bon pouvait surpasser le mauvais. Et Placi-