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l’autre opinion d’une prédestination apostolique, admet encore cette observation d’une manière bien décidée.[1] Mais est-ce là un rôle dont on puisse faire un sujet d’éloges et de reconnaissance ? À ce titre Judas lui-même pourrait réclamer la quote-part qui lui en reviendrait ; et il n’a pas manqué d’adorateurs par lesquels elle lui fut largement attribuée.[2]

Mais cette domination dont on fait si grand cas n’était-elle pas le motif le plus puissant, la raison la plus péremptoire que les Romains alléguaient lorsqu’ils montraient une répugnance invincible contre le christianisme ? Les dieux anciens, disaient-ils, ne nous ont-ils puissamment secondés pour subjuguer l’univers ? Pourquoi devrions-nous les abandonner pour aller suivre la religion de nos esclaves ? N’est-il donc pas évident qu’attaquer la religion ancienne c’était s’insurger contre l’État et se mettre en rébellion contre le prince qui le gouvernait ?

  1. Bossuet. Ibid. Liv. 3 chap. 1, au commen. — Méditations sur l’Évangile § 72.
  2. Ces sectaires étaient appelés Caïnites puisque à coté de l’apologie de Judas, ils assumaient aussi celle de Caïn.